Le blog d'Ovary

Si elle n'existait pas vous l'auriez inventée

Histoire drôle

Il y a une histoire que je ne vous ai jamais racontée et c’est bien dommage, parce qu’elle est vachement sympa. Alors voici.

J’ai toujours donné beaucoup d’importance aux petits objets. J’aime les petits objets. Les petites bougies qui me rappellent certaines soirées (ça sentait le chèvrefeuille et on parlait de ton ex, souviens-toi), les petits carnets qui contiennent des tas de souvenirs, les tasses qui résument tant de matin, les stylos, les tubes d’homéopathie, les photos polaroïd. Si bien que chez moi, sur ma table basse, traîne une décoration approximative : toutes ces petites choses se côtoient et je prends plaisir à les regarder. Elles représentent le quotidien.

Et au début de l’année, voilà que je me prends de passion pour les œufs à la coque (ça te semble sans transition, je te l’accorde). Une envie soudaine, un dimanche matin, de tailler des mouillettes. Je suis assise aux côtés de l’homme dans mon petit studio. Nous sommes en pleine négociation de qui descend à la boulangerie chercher le petit déjeuner (vas-y toi, non toi, si toi, non toi, la dernière fois c’était moi). Quelques minutes plus tard, l’homme remonte de la boulangerie et du supermarché (je gagne souvent) avec une baguette et des œufs. Sauf que mini drame : je n’ai pas de coquetiers. L’homme est futé, il saisit des tasses qu’il fourre au sopalin histoire de faire tenir les petites bêtes à déguster. La solution de recours se tient mais qu’est-ce que c’est moche de manger un œuf à la coque dans de l’essuie-tout aux motifs fermiers.

L’après-midi, alors que nous traînons dans les magasins, je n’ai qu’une idée en tête : acheter des coquetiers, des petits coquetiers, des mignons coquetiers, qui feront jolis sur ma table basse. Mieux : qui feront jolis sur notre table basse. Parce qu’à cette époque-là, en plus de bouffer des œufs, on cherche un appartement pour s’installer ensemble.

L’homme me suit donc dans tous les magasins de déco et de cuisine. Et c’est chez Zara Home que je trouve mon affaire. Je décide d’acheter six coquetiers (pour faire beau dans la cuisine, le salon, la salle-de-bain, la chambre, l’entrée, la bibliothèque). L’homme me freine. J’en prends finalement deux, que la vendeuse m’emballe délicatement.

Je les dépose dans un coin de mon appartement en me promettant une chose : je les déballerai dans le nouveau. Il est hors de question d’y toucher maintenant. Ce petit sac Zara Home représente notre premier achat de couple. La décision est prise : je le déposerai avant tout autre chose dans notre futur cocon.

Quelques mois plus tard, on signe et obtient nos clés. Je cours acheter un petit porte-clés, évidemment, plein de sens et prêt à encaisser mille souvenirs ici.

Le lendemain soir après le travail, l’homme et moi-même nous donnons rendez-vous dans l’appartement. Nous voici enfin locataires. J’ai dans mon sac à main le paquet Zara Home et mon CD préféré de Vincent Delerm. Je cherche le plus joli coin où déposer ces premières affaires. Emotion totale dans ma tête. Vie à deux, futurs brunchs, aller chez Ikea, déco à choisir, amour à la folie.

Je regarde l’homme, complètement retournée :
– Je les pose où, nos petits coquetiers ?
– T’as des mouchoirs ?

L’homme aussi avait quelque chose à déposer.
Et pendant qu’il était aux toilettes, je me disais : nous ne sommes définitivement pas de la même planète.

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