Les grandes vacances

Hier, je discutais de sperme avec Nathalie Giraud, sexothérapeute, au téléphone. C’était chouette. Au milieu de notre conversation, on a parlé de mon premier roman que je viens de terminer. Et je lui ai dit combien je ressentais un vide, un manque. Alors elle m’a suggéré de m’adresser à mes personnages, de leur souhaiter de « bonnes vacances » et de les retrouver en mai, pour la sortie. Allez, dis-leur.

Cinq mois de vacances, ils vont se mettre bien.

Quand nous avons raccroché, j’ai imaginé Nathalie me prendre par la main et me planter devant mes petits copains : allez, dis-leur, vraiment. Alors je leur ai souhaité de magnifiques vacances, du soleil, des mojitos, du sexe, et de régler leurs petits problèmes, parce que je n’ai pas pu tout faire.

Dans mon bureau, en plein silence, j’ai attendu qu’ils me répondent, mais en même temps, je fixais le grand mur blanc devant moi, il aurait peut-être mieux fallu fixer mon manuscrit.

Puis après tout, mes personnages ne m’aiment peut-être pas. C’est sûrement chiant une vie où tu changes trois fois de prénoms en six mois.

J’ai ensuite quitté la pièce, je les imaginais dans l’avion et je les ai trouvés un peu égoïstes de ne pas m’inviter. Après tout, sans moi, ils n’existeraient pas.

Ce matin, je pensais tellement à eux que ça m’a démangé de leur envoyer un message pour savoir comment ça se passait. Au moins pour savoir où ils étaient, voir si l’éditeur rince bien.

Je me suis retenue, pour ne pas être trop envahissante. Et c’est peut-être mon silence qui les fera revenir, ça a marché avec quelques ex.

Depuis, j’imagine cette petite bande s’éclater dans une piscine tandis que moi, je suis prise d’un vide terrible et je compte les jours jusqu’à notre prochain rendez-vous. La bonne nouvelle, c’est qu’on va sûrement se croiser – eux très bronzés et moi blanche comme un cul – après l’impression des épreuves non corrigées parce que ce serait bien de publier un roman corrigé. Et puis on se recroisera à des réunions, des trucs du genre, avant de se voir en librairie et de se sauter dessus.

Avec l’espoir fou, déjà, que vous vous sautiez aussi dessus.

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