En décembre, il est parti. Il a claqué la porte sur cinq ans de relation. Tous les deux n’avaient même pas fait le sapin. Elle a pensé « heureusement ».
Elle n’a pas fêté Noël, pas la bonne année. Elle a dormi des jours durant, surveillé son téléphone, elle a pleuré, beaucoup, elle a arrêté de se maquiller, de manger et de se laver.
Il l’a appelée, mi-janvier. Elle n’a pas osé décrocher, de peur qu’il la voie à travers le téléphone. Dans un message vocal, il a dit : j’espère que tu vas bien, ça serait sympa de prendre un verre un de ces quatre. Elle a replacé ses cheveux, quand même.
Dans la foulée, elle a appelé toutes ses copines. Elle en a onze, des amies très proches. Elle leur a demandé ce qu’elles pensaient de ce message vocal. Elle a mis le ton, elle a reproduit chaque note de la voix de Fabian. Elle a ajouté « il faut que l’on se voie, je te le ferai écouter ». Elle a fixé des rendez-vous. Des face à face et trois par trois. Elle a collé son téléphone à des oreilles, elle a veillé à ce que personne ne le touche et efface par mégarde les quelques mots déposés là.
Elle a demandé : tu en penses quoi ? Pourquoi me voir ? Je réponds ? Elle a posé les mêmes questions aux onze amies. Elle a trié les réponses. Des plus positives aux plus négatives. Fabian veut revenir. Fabien se donne bonne conscience. Fabian n’est qu’un connard.
Elle a aussi demandé à chacune quel était le pourcentage de chance qu’il revienne. Elle a eu des 5% et des 90%, elle a établi une moyenne et elle a bien dormi.
Elle s’est quand même dit dans la nuit qu’il lui faudrait un avis de mec. Elle a demandé à un ami. Réponds-lui. 50%.
Alors elle a fini par envoyer un message à Fabian en disant qu’elle était d’accord pour un verre. Il a répondu tout de suite, dans la seconde, il a répondu que ça lui faisait plaisir. Il a aussi écrit « tu me manques ».
Elle a appelé neuf copines. Elle a pris soin de ne pas interroger les deux qui avaient les propos les plus tranchés quant à cette histoire. Elles ont toutes analysé, du mieux qu’elles ont pu, le temps de réponse de Fabian et le « tu me manques ». A l’unanimité, elles ont pensé que c’était positif même si certaines ont conseillé à Sandra de rester méfiante ou de garder un minimum d’égo.
Sandra a passé des dizaines de coup de fil. Elle a donné à l’une l’avis de l’autre, elle a confronté neuf pensées, neuf discours, elle a créé un débat géant qui a duré trois jours, elle a cherché à comprendre les mots de Fabian, elle a voulu tout savoir, elle a voulu connaître la suite de l’histoire, les retrouvailles et même leur date.
Elle a écouté tous les avis, tout ce que « tu me manques » pouvait bien vouloir dire d’après ses amies. Elle a même pensé à écrire au 6 12 12.
Elle a juste oublié de lire elle-même les mots de Fabian et de répondre le plus simplement du monde : toi aussi.
alalala, j’adore tout simplement.
En même temps c’est son inconscient qui lui a fait ne pas répondre.
CQFD 😀