juin
2013
Mon 23 rue Saint-Vivien*
Il y a tous ces cartons. A remplir.
Deux ans de vie mais bien plus.
Il y a tous ces livres, ouverts et jamais trop finis. Des fringues à trier, des chaussures jamais mises.
D’autres qui m’ont ramenée tard le soir et celles que l’on m’a retirées.
Il y a ces briquets, les jaunes, les printaniers. Il y a ceux qui sont morts avec moi et ceux qui ont allumé les plus grands feux.
Il y a ces nuits blanches à tourner en rond, ces angoises et ces impressions de ne pas très bien respirer. Ces longues heures à écrire, à chercher ses mots. Ceux que vous avez lus et ceux que je garde pour moi.
Il y a ici mille victoires et combien de défaites.
Des larmes et des envies de crier, des façons de tater le noir, de chercher des visages et des solutions.
Il y a des envies d’être là pour personne.
Il y a des rires, à dix ou toute seule. Des soirées qui s’éternisent, des métros ratés, des bouteilles à descendre.
Il y a ces lendemains de soirées, les rideaux tirés jusqu’à 16h.
Il y a des projets et d’autres qui se sont terminés le lendemain.
La boîte aux lettres vide ou qui surprend.
Des week-end interminables, un calendrier à décompter les jours, des clopes inutiles et l’attente, parfois.
Des escaliers qu’on monte à deux et des semi-déclarations d’amour. Il y a des coeurs qui s’emballent et des doigts qui se croisent.
Il y a le quartier, les habitudes, les raccourcis. Les mêmes bars et les mêmes têtes, les mêmes conversations avec les mêmes amis.
Il y a tout ça à foutre dans les cartons.
Un anniversaire, presque deux.
Il y a le parquet qui me prend aux pieds, un truc qui me demande de rester postée à la fenêtre. J’aime plus la rue, j’aime pas comme elle me regarde. J’aime pas l’effet qu’elle me fera quand je repasserai là. Seule ou accompagnée. Je dirais j’ai vécu là, j’ai vécu là et c’était bien.
Il y a ces photos qui tombent et les traces qu’elles ont laissées aux murs.
Il y a mille questions pour la suite, la hâte mais la gorge à peu nouée.
Il y a ce que je suis certaine d’emporter dans un autre arrondissement et dans cette autre vie. Ce que je jette déjà.
Il y a cette petite prière que j’ai faite mais que je ne partagerais pas.
Il y a de vos affaires, un peu. De vous dans des coins et de moi trop partout.
Et de cette chanson de Delerm que je passe en boucle.
Vincent Delerm – L’appartement (tv) par Robin5on
*23 rue Saint-Vivien, c’est dans la chanson de Delerm. Rien ne te sert de venir frapper en croyant tomber sur moi. Allez, salut.
Sandra
25 juin 2013 à 9 h 59 min (66 jours ago)Très joli texte. Emouvant, simple et bien tourné.
Réalité ou fiction ?
Si réalité, bon mouvement vers l’ailleurs. Si fiction, sourire en coin.
Bises