déc
2013
Ces deux-là
Je l’ai rencontré il y a une dizaine d’années, je crois. J’étais en vacances dans le sud de la France. J’ai un souvenir vague d’un magasin de bijoux et de sa voix qui me surprend. Je retiens son nom, il ne retient pas le mien.
Evidemment, c’est souvent comme ça.
Je pense dès lors que je suis trop jeune, qu’il aurait fallu que je sois de 1973, que je m’appelle Alice ou Louise.
Mais d’emblée, je connais déjà le film par coeur. Je sais. Qu’on se recroisera, qu’on ne s’arrêtera pas là.
Et un soir, nous nous sommes retrouvés.
Ce soir où on a pris des Mojito jusqu’à minuit. Un premier baiser qui a suivi, sous les réverbères sous la pluie. A cet instant, il m’aimait moi. J’imaginais nos vacances dans deux ans sur la plage de Bénodet. Il me parlait de m’installer chez lui, à Bagnolet. Le lendemain matin je suis sortie de chez lui habillée comme hier et le soir même, je faisais mes cartons.
Je venais de passer trois ans. A lire dans le soir, une cigarette et un roman, dans un appartement minuscule.
Mardi 3 janvier, 20h20. Je posai mes valises chez lui. J’avais peur d’arriver un peu tôt dans le programme.
J’ai étalé mes Cosmo, rempli les placards de Savane, parce qu’il me le demandait.
C’était son discours au réveil en général.
On s’est fait à l’endroit. On a passé des soirées entières à discuter, refaire le monde et surtout l’amour, toutes les lampes allumées à 5h en hiver.
Chez nous, le balcon n’en était pas un mais l’expression fumer sur le balcon était malgré tout employée.
Le dimanche, nous lisions en parallèle, à trente centimètres d’écart. On s’endormait, lentement, ensemble. Mes trois mille cheveux de travers sur son torse. Il y a toujours eu un temps pour tout. Nous avancions à notre rythme.
Jusqu’à la fin de cette partie-là de l’histoire.
Jusqu’à ce que nos chemins se séparent un petit peu.
Mais le 25 novembre, il est revenu.
Et il s’appelle Vincent Delerm.
4in
11 décembre 2013 à 19 h 40 min (2 années ago)Et tu sais que je l’ai vraiment découvert grâce à toi et tes facebook’s like? Alors évidemment que je l’ai reconnu dès tes premières lignes parce que depuis, il ne me quitte plus! Bravo pour ce texte et les notes qui vont avec!