mai
2013
Petit billet pour grand ami
Le plus beau cadeau qu’il m’ait fait, c’est de se benner la gueule en vélo le soir de mes vingt-cinq ans et de finir la tronche en sang. Il porte encore les marques sur son visage, une trace de mon anniversaire, de nos verres soulevés, un trace tout simplement et pour toujours. Lui qui ne me dira jamais que je compte au moins jusqu’à demain. Il se planque sous sa pudeur, bien souvent, se capuche et s’éloigne.
J’ai reçu un compliment, en dix ans d’amitié.
Mais c’était pas rien.
Et c’était au Mac Do.
On m’a demandé dix fois si j’avais déjà couché avec lui et j’ai beau répondre que ça me dérange d’imaginer qu’il est muni d’un engin, beaucoup continue de penser qu’on se ment.
Mais on s’en fout. Il n’y a pas de plus belles vérités.
Je ne l’ai jamais vu en slip.
Je crache à l’instant même entre les touches de mon clavier (tiens c’est fou ça nettoie).
Il me prouve chaque jour que l’amitié fille garçon existe, moi qui y croyais si peu.
On se voit, on parle des heures, il me raconte ses filles et ses hésitations. Je lui parle de mes errances. Ma dernière belle rencontre ou mon dernier chagrin. Ou ma dernière belle rencontre dans son jus de chagrin. Il m’écoute, me conseille, n’oublie aucun détail. Et quand il a un peu bu, il accepte que je pose ma tête sur son épaule et ne sait pas combien j’y trouve le réconfort dont j’ai besoin. Je sais qu’il se marre en lisant ça, c’est son éternelle pudeur qui l’y oblige.
Et pourtant, il m’appelle toujours à trois heures du matin pour savoir si je suis bien rentrée.
On n’a pas de problème de couple puisqu’on n’en est pas un. On ne veut même pas faire une colloc, on se supporterait pas. Il se prend pour un génie et parfois pour un cosmonaute et moi ça me branche moyen de jouer à l’espace tous les soirs. Puis lui ne supporterait pas m’entendre parler seule devant un texte que je bosse.
Et il aurait beaucoup de mal avec les concepts France Gall ou Ta Gueule au réveil.
Voilà, c’est un peu une déclaration d’amitié, de quiétude. C’est une confiance tranquille et un bateau certain. C’est de l’amour mais en différent. Il n’y a pas de portes qui claquent et d’angoisses dans les absences.
C’est un peu un mec génial. Et puisque je ne lui ai jamais vraiment dit, j’espère que ce billet fera guise de. Et qu’il l’apprendra par cœur sans jamais oser me le dire.
caramel
24 mai 2013 à 20 h 22 min (218 jours ago)Formidable. Très beau texte. J adore….encore et toujours