Le blog d'Ovary

Si elle n'existait pas vous l'auriez inventée

J’ai toujours préféré aux voisins ma voisine

Elle et moi, on a les avantages de la coloc sans en avoir les inconvénients : on est amies et voisines. Séparées par un couloir minuscule qui nous donne presque l’impression de cohabiter, on peut se débarrasser l’une de l’autre quand on a envie de personne ou qu’on ne rentre pas seule. Quand on a besoin, on se fait un appartement géant, on ouvre nos deux portes et on invite des gens à boire. On est « les locataires du sixième étage », les bruyantes, les copines, on est la crémaillère dont l’immeuble se souviendra.

Deux fois presque trente mètres carré, deux boîtes aux lettres qui se font la conversation, on a tout en double mais de la place pour respirer. On file une parfaite amitié. Elle tue mes araignées, je l’aide à monter ses meubles Ikea, elle profite de ma vue sur Paris, je profite de sa télé géante. On a trouvé de bons compromis, comme on fait des efforts pour qu’une relation fonctionne. On est très complémentaire, sur tout. Nos goûts, nos fonctionnements. On s’aime, on est là l’une pour l’autre en cas de pépin.

Et puis. Alors que je dormais tranquillement mercredi matin, j’ai été réveillée brusquement par la sonnette vers les 7h. Une fois, deux fois, dix fois, des coups contre la porte, des coups de cul, des coups de poings, de tête, des coups violents, des coups qui ressemblent à la mort. Evidemment, j’ai sursauté. Je n’ai jamais trouvé de réveil aussi facile. Quand il s’agit de sauver ta propre vie, t’as pas le temps de faire un repeat à ton réveil et de gueuler que le matin, ça craint, que t’es fatiguée, t’as pas le temps de te dire que ce soir – cette fois – tu te coucheras tôt, non, tu pries juste pour avoir encore la chance de te coucher un jour. Tu dis oui pour tout, toutes les raclures, toutes les merdes, tous les rhumes, tous les trains en retard. Absolument tout. Tu n’as plus qu’un souhait : vivre.

J’ai été prise d’une panique énorme, j’ai cherché des issues secours, pensant que derrière la porte se trouvait un fou, ou plusieurs, dont l’unique but était de me tuer. J’ai checké les toits, très vite, j’ai imaginé le parcours, j’ai compris qu’il n’y avait pas de parcours possible, j’ai compris que j’étais foutue, j’ai pensé à ma voisine, je l’ai appelé pour savoir si elle était morte avant moi ou pas, et comme elle ne répondait pas, j’ai eu une idée super géniale, une idée super simple, j’ai fait un truc très intelligent, instinct survie de mon cul : j’ai APPELÉ LA POLICE.

Merci.

Ensuite, j’ai arrêté de respirer. Le fameux JE FAIS CROIRE QU’IL N’Y A PERSONNE NON NON NON JE NE SUIS PAS LA. Je n’ai pas bougé, pas osé faire couler de café, j’ai attendu assise sur le lit, le portable entre les mains, le serrant très fort comme s’il était ma dernière chance. Je n’arrivais pas à m’approcher de la porte et encore moins du judas, des fois qu’on me tue à travers. Il existe mille méthodes pour tuer à travers, te fous pas de ma gueule.

En attendant la police, j’ai tenté d’appeler ma voisine, encore. Elle ne décrochait pas mais j’ai reçu l’instant d’après des messages, très simples, très très simples :

Viens.
Puis : viens.
Puis : s’il-te-plaît, viens.

EXCUSE-MOI, mais celui qui ne pense pas une seconde que ce sont des messages de fille sous menace, type trois mecs avec des couteaux lui disant : « allez écris à ta voisine on veut de la petite chair, dis-lui de venir, on va se le faire elle aussi, ah les poulettes vous êtes foutues » est vraiment INCONSCIENT.

SAUF QUE je ne suis pas bête moi. J’ai bien compris qu’elle était sans doute en train de subir un sort terrible et je me suis félicitée d’avoir appelé le 17, façon j’ai été très bonne sur ce coup-là.

Puis après ses SMS, elle m’a appelée. J’ai évidemment décroché, tremblante. Elle m’a alors dit que ça n’allait pas. J’ai demandé si elle était seule. J’ai bien pensé à ne lui poser que des questions fermées pour qu’elle réponde par oui ou par non, je me suis sentie Alice Détective, je me suis sentie brillante, je me suis sentie GROSSE MALIGNE. Jusqu’à ce qu’elle me dise : je viens de faire un malaise.

Peut-être que ça aussi, c’était le plan des trois connards, que de me prendre en pitié. J’ai été très forte, tu sais, pour accepter d’ouvrir la porte finalement et de la rejoindre. Je priais pour que la police arrive rapidement, j’ai jamais autant attendu quelqu’un.

Le fin de mot de l’histoire c’est qu’elle a joyeusement tambouriné à ma porte pour réclamer de l’aide puisqu’elle est en train de nous faire un PUTAIN de malaise, pour appeler au secours, et que prise de panique, elle s’est déchaînée pour que je vienne la sauver. Ensuite, elle est tombée dans les pommes sur le palier. Sauf que moi, je l’ai évidemment laisser crever en arrêtant de respirer en boule dans ma chambre.

Je lui ai dit l’essentiel c’est que tu ailles mieux mais bon TU SAIS PAS QUOI, bonne blague, meuf : j’ai APPELÉ LA POLICE.

Elle a fait de si gros yeux que j’ai failli la tuer une deuxième fois.

En plus, elle avait la gueule toute rouge, parce qu’en tombant elle s’est cognée partout, évidemment.

Puis la Police est arrivée.

VA RACONTER UN TRUC.

D’abord j’ai dit bonjour la police. Puis j’ai tenté de justifier ma peur en disant : j’ai eu peur. Intéressant. Je leur ai raconté la chute de cette histoire, leur expliquant que ma voisine allait mieux, qu’elle était simplement tombée dans les pommes et que moi, j’étais une amie indigne, une voisine indigne, une fille qui fait le 17 quand on frappe à sa porte. La police m’a rassurée, m’a dit que ce n’était pas grave, que c’est toujours mieux d’appeler, parce qu’on NE SAIT JAMAIS.

J’ai eu envie de prendre la police dans mes bras. Surtout que quelques heures après, alors que ma voisine a été chez le médecin, on a su qu’elle n’avait qu’une gastro. Une gastro quoi.

Voilà, j’ai fait le 17 pour ma voisine qui avait une gastro.

Bon bah voilà, c’est tout.

4 Commentaires on J’ai toujours préféré aux voisins ma voisine

  1. DUTARTRE Nathalie
    13 décembre 2013 à 18 h 22 min (2 années ago)

    Excuses moi auprès de ta voisine…mais je ne peux pas m’empêcher de rire..bisous

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  2. Sass
    13 décembre 2013 à 19 h 02 min (2 années ago)

    J’adoooore !! (Mais franchement t’ai une voisine pourrie là 😉 )

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  3. caramel
    14 décembre 2013 à 18 h 01 min (2 années ago)

    moi aussi tu m excuseras auprès de ta voisine …. unique!!!!!!la pauvre mais on s éclate j ai trop rigolé . l instinct de survie est parfois basique LOL

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